LES FILS DU METAL - Avril 2004

   

 

Pourquoi avez-vous ré-enregistré The five shires au lieu de faire un nouvel album ?
Matt : A dire vrai, nous savions que cette question serait soulevée de manière récurrente et donc nous avons “bosser” sur la réponse ;-). Au départ, il se trouve que le précédent pressage de The Five Shires était en bonne voie d'être écoulé. Tout cela n'a aucun but commercial, entendons nous d'emblée sur ce point, mais demeure le fruit d'un concours de circonstances. Nouveau line-up (avec Nicolas Colnot à la basse), dixième anniversaire de la création du groupe, pré-production du troisième album, médiocrité de la production de la première version… Au départ nous voulions juste re-presser et puis on s'est dit que ça serait cool que Nico ré-enregistre la basse… et puis après c'est l'engrenage ;-). Comme j'avais acheté du nouveau matos, tout y est passé, guitares, chant, solos, claviers. Au final, nous nous sommes retrouvés avec une toute nouvelle version. En réfléchissant ensuite, on s'est demandé qu'elle serait la motivation des fans pour acheter une version d'un album qu'ils possèdent déjà ? C'est là que s'est imposée l'idée de sortir un double CD avec un titre inédit qui ferait le lien avec le troisième album. Cette chanson, The Call Of The Black Dragon, est venue assez naturellement chacun bossant sur une partie. Au final, nous avions une chanson de 20 minutes divisée en trois parties. On l'a enregistrée et puis on a filer le tout à notre ingé son, Christophe Heyrend, qui est devenu un peu notre “bras droit” voir même la “tête pensante” de tout ce qui concerne notre son. C'est grâce à lui qu'on a cette production. Il a mixé l'album et la nouvelle chanson. Pour finir, comme l'ancienne pochette ne me plaisait pas trop, on a fait appel à une agence de design pour réaliser la nouvelle pochette.

Je suppose que vous êtes satisfait de la nouvelle prod ?
Oui. Je peux enfin écouter le disque sans me dire “le son est merdique”. J'en étais arrivé à un point ou j'avais même honte de faire écouter la “vieille” version de The Five Shires tellement le son m'insupportait. Mais je le répète, nous devons tout à Christophe. Même si les prises de son on été incomparables grâce à mon nouveau matériel, c'est lui qui a passé des milliers d'heures sur le mix. Je dois ajouté que le mastering est particulièrement satisfaisant également.

J'ai vu à intérieur du livret que l'album a été enregistré au Elvaron's Lair. Je suppose que c'est votre home studio ?
Effectivement. Pour te donner un ordre d'idée, nous enregistrons sur PC avec Cubase tout simplement. L'investissement de matériel (micro de studio, préamplis à lampe, compresseurs, câbles - très important la qualité des câbles - nouvelle carte son pro, enceintes de monitoring numériques…) est assez important. La prise de son est primordiale. Tout a été enregistré chez moi et puis Christophe a mixé chez lui. Le mastering a été fait en Alsace par Raphael Ludwig de l'agence de design sonore Tékitizi. J'ai eut un tarif préférentiel car j'ai fait mon stage de DESS chez eux ;-).

Il y a de plus en plus de groupe qui ont leur home studio. Est-ce vraiment un atout pour un jeune groupe d'investir dans un home studio ?
C'est un bon moyen de réaliser des maquettes avec un budget réduit. Mais je reste persuadé qu'un studio professionnel est la meilleure solution. Le cas du home studio est un débat intéressant. Pour faire rapide je dirais que tu peux avoir un résultat proche d'un studio pro si tu connais parfaitement ton matériel et que tu passes énormément de temps dessus. Moi je n'ai pas vraiment de mérite, ça va faire 10 ans que j'enregistre moi-même… depuis mon bon vieux 8 pistes Yamaha jusqu'à ma machine de guerre d'aujourd'hui, j'ai passé des années à enregistrer des trucs. Pour répondre je dirais que c'est un atout si tu as au moins un mec super calé en informatique dans ton groupe et si tu as le budget pour avoir du bon matériel. Mais j'insiste, jamais un home studio ne pourra égaler un studio professionnel avec un ingé son.

Vous proposez dans cette nouvelle édition un titre bonus The Call Of The Black Dragon, je suppose que c'est la suite du concept de The five shires ?
Absolument. Comme je l'ai dit, cette chanson fait le lien (au niveau du concept) entre The Five Shires et notre prochain album.

Avez-vous été tenté de changer certaines parties pendant l'enregistrement ?
Il y a en fait pas mal de choses différentes à commencer par les solos de guitares. Chaque solo a été réenregistré. Ils gardent tous la trame principale des anciens mais avec plein de trucs différents. Certaines parties de batteries ont également changées, certains doublages de voix. Et puis toute la basse est différente puisque ce n'est pas le même bassiste donc pas le même jeu. Les notes sont identiques mais le groove est différent. Enfin rien n'a fondamentalement changé mais a mûri.

Quand on écoute votre musique on se rend compte qu'elle est très complexe. Ne rencontrez-vous pas de difficulté à la retranscrire en live ?
Il y a des morceaux qu'on ne joue pas car ils sont trop complexes à retranscrire notamment Killianor's Sight, The Orcs Of Thar ou encore Call of the black dragon - part 2. A part ça, pas de difficultés majeurs. Les morceaux d'Elvaron sont techniquement très difficiles mais il suffit de beaucoup de travail et d'un minimum de concentration sur scène. Le plus gros challenge pour moi est d'assurer les parties de chant en plus de la guitare.

En parlant de concert, on ne peut pas dire que l'on vous ai vu beaucoup sur scène. Allez-vous y remédier ?
La scène n'est absolument pas notre priorité. Cette situation n'est pas vraiment là par dépit (car nous n'avons pas vraiment beaucoup de plans concerts) mais d'avantage par choix. Toute mon énergie part dans Elvaron : la production, les répètes, la composition, la gestion du site Internet, la gestion des droits d'auteurs, les médias, la promo. Je fais tout ça avec énormément de plaisir. Maintenant, courir le cachet, supplier les producteurs de concerts de nous programmer, c'est vraiment pas mon truc. Il faudrait qu'on ait un manager ou un tourneur mais ce n'est pas le cas. Et puis nous avons tous un emploi qui reste notre priorité. Nous faisons de la musique pour le plaisir, pour la gloire… le reste c'est que du bonus. On sait qu'on ne pourra jamais en vivre donc on prend le max de fun et c'est déjà beau.
Néanmoins, on adore la scène et on se donne toujours à fond en concert. On ne refuse jamais un plan. Cette été nous allons d'ailleurs jouer pour le festival Nancyphonies. C'est un festival de musique classique qui se déroule du 16 juillet au 11 août 2004. Nous apparaissons dans le cadre des “Classic'Off” c'est-à-dire les journées dédiées aux musiques actuelles.

Avez-vous assez de matériel pour un nouvel album ? Pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui, l'album est prêt, il sortira en 2005 chez Thundering Records. Au niveau du concept, il s'inscrit dans la continuité de The Five Shires. Musicalement, il est d'avantage axé sur le progressif avec de longs passages instrumentaux. Il est également beaucoup plus violent, nous avons tenu à faire ressortir d'avantage cet aspect “thrash” qui nous tient à cœur. Je ne vais pas tout dévoiler… on parlera de tout ça dans une prochaine interview quand l'album sera sortit ;-).

On trouve de plus en plus sur le net des webzines, pensez-vous que la presse “papier” a du souci à se faire face à cette concurrence “gratuite” ?
Il est évident que l'aspect gratuit séduit forcement plus de gens. Mais je crois pouvoir dire sans me tromper que les gens qui faisaient du fanzine sont passé sur format informatique, non ? A vrai dire, je ne sais pas vraiment. Moi je continue de “fréquenter” les 2 mondes.

Quels sont les projets pour Elvaron ?
Préparer activement la sortie du nouvel album. Défendre du mieux que nous pouvons cette nouvelle version de The Five Shires. Trouver un claviériste. Passer l'aspirateur au local.
Notre souhait le plus cher est d'arriver à équilibrer notre budget car pour l'instant Elvaron coûte beaucoup plus que ça ne rapporte. Mais bon, n'est-ce pas le cas de tous les loisirs ?
J'ai également monté un projet avec l'ancien chanteur de Scarve (Alain Germonville). Nous essayons de regrouper un maximum de gens de la scène métal française pour faire un sorte de “Dream Team” du métal un peu comme Covenant sur Naxus Polaris…

Et pour finir un petit mot pour mes lecteurs ?
Continuer à faire confiance à Taranis pour ses choix musicaux. Ne vous laissez pas aveugler par le système médiatique… aujourd'hui Evanescence… et demain Les Musclés ? Arretez de consommer la musique comme si c'était de la Danette® de Danone®. Retournez chez vos disquaires, écoutez, découvrez, socialisez vous et reprenez le dialogue entre métalleux, souvenez-vous de vos échanges de K7 au lycée, allez aux concerts, lisez le livre de Fabien Hein, arrêtez E-mule, éteignez vos PC.