ODYM'ETAL - Juillet 2002

Interview de Matt (chant et guitare)
réalisée le 10 juin 2002 par Marie-Christine.

Matt, tu es le fondateur d'Elvaron. Auparavant, tu sévissais dans un groupe de rock Night Feast. Pourquoi avoir choisi d'évoluer dans un style plus métal avec Elvaron ?
Au départ, je souhaitais que Night Feast prenne un tournant plus heavy. Mais étant 5 musiciens d'horizons différents dans ce groupe (dont une chanteuse égocentrique), difficile d'imposer son style. Tu as vite des réflexions du genre “non, y'a trop de distorsion sur ton son !!” ou encore “moins fort ton Marshall Matt !!” ou bien “ce plan là il fait trop hard-rock…”.
Quand ce groupe s'est séparé, j'ai monté Elvaron avec Rodolphe (le batteur de Night Feast), qui lui, avait un esprit plus punk donc le plus susceptible d'adhérer au métal. Mais à l'époque, il était un peu limité au niveau de son jeu, alors on faisait des trucs simples, des reprises de Maiden, Metallica (les moins dures évidemment…) enfin ce genre de choses. Les 4 premiers titres de notre premier album Mages Battle datent de cette époque.
En ce temps là, le principal problème pour sonner métal était la voix… j'avais 15 ans quand j'ai monté Elvaron ; j'avais une voix d'ado !!

Elvaron a été créé en 1993 et tu restes le seul membre originel. Peux-tu nous présenter le line-up actuel ? Quel est le parcours musical de chacun ?
Le line-up actuel ! Oui tout à fait !
Il y a donc Fred Seiler notre batteur qui est présent depuis ce que j'appelle “l'époque nancéienne”. Que dire sinon qu'il joue depuis qu'il a 5 ans et qu'en plus d'être un excellent batteur, il est aussi guitariste de haut niveau. Il a joué dans pas mal de groupes et il a même sorti un 45 tours !!! Je l'ai rencontré au C.M.C.N. en 1995, il passait alors son diplôme de guitare. Ce n'est qu'en milieu d'année que j'ai su qu'il était également batteur.
Il y a également Thomas Letscher alias SeeK qui est le clavier du groupe. Il a étudié le piano étant jeune mais il a arrêté pour se consacrer au sport (notamment le volley-ball) puis il est revenu à la zic dans son adolescence. Guitare, basse, il fut bassiste de Woozy Memories un groupe de lycée (un mini cd 4 titres, quelques concerts). Et il y a Nicolas Colnot alias Nick Killa qui a commencé par le saxophone puis la guitare et enfin la basse. C'est un excellent musicien, très professionnel dans l'âme. Il a joué dans de nombreux groupes, il fait également des baloches… et puis il étudie au conservatoire la guitare classique.

Les membres d'Elvaron ont en commun des références musicales sérieuses (diplômes en abondance), vous êtes multi-instrumentistes. Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Pour Fred, comme je l'ai dit plus haut, on s'est rencontrés au C.M.C.N. Je cherchais un batteur, il était batteur…et voilà !
Pour SeeK, nous avions fait un concert avec son ancien groupe Woozy Memories dans lequel il était donc bassiste. Ca a tout de suite collé entre nous tous. Il a été fan d'Elvaron dès ce concert. Par la suite, il a tenté d'entrer dans le groupe en tant que chanteur (ça n'a pas marché) et en tant que guitariste (là non plus, ça n'a pas marché). C'est en l'entendant jouer du piano chez lui que j'ai eu le déclic !
Pour Nico, on est à la fac ensemble depuis 1996 ! Ce fut d'abord un fan, puis un pote, puis notre nouveau bassiste ! Il faut dire que nous l'avons supplié ! On ne trouvait personne pour remplacer Julien. Alors il a accepté mais il n'avait ni basse, ni ampli…

Vous êtes aussi doués en informatique. Quand et qui a créé votre site, qui le gère ?
On a créé le site chez moi en mars 2001 je crois… C'est SeeK qui s'occupe de tout ça. Moi je m'occupe de le gérer au jour le jour, de faire les updates. Mais dès qu'il y a un gros truc à changer, là c'est SeeK qui intervient.

Que t'apporte Elvaron pour la préparation de tes études, (une maîtrise en musicologie et un diplôme de fin d'études en guitare acoustique) ?
En fait ce sont mes études qui m'apportent un plus dans Elvaron et pas l'inverse. La guitare classique me permet une approche technique différente de l'instrument. Je travaille ma technique autrement et cela me fait progresser sur l'électrique. La fac m'a permis de développer mon écoute et mon écriture et d'arriver au final à écrire un maximum de musique directement sur partition sans avoir forcément recours à l'instrument. Cela m'oblige donc à travailler les plans que j'ai écrits !!! Souvent ce sont des plans que je n'aurais jamais joués, juste avec la guitare…

Quels objectifs t'es-tu fixé ?
Je ne me suis pas fixé un objectif pour moi-même mais pour Elvaron. J'aimerais tellement que notre musique soit reconnue… L'objectif principal à l'heure actuelle est de terminer la pré-production de ce troisième album et de démarcher auprès des gros labels.

Comment parviens-tu à gérer tes études et ton groupe ?
Oh, ça se passe bien, on répète le soir et le dimanche. Et puis, en DEA je n'ai que 5 heures de cours, le reste du temps étant consacré à la recherche. Ma priorité reste tout de même Elvaron et je passe pas mal de mon temps libre dans le groupe. Mais bon, le temps libre n'est-il pas sensé passer dans les loisirs ? (je précise que Elvaron est plus qu'un loisir, c'est un boulot à temps complet… mais c'est tellement bon de faire de la musique…)

Tu as été élève au C.M.C.N. de Nancy appelé aujourd'hui M.A.I. Tu remercies dans les livrets, ta classe, des profs dont Manu Livertout ainsi que Dirk/Scarve… Peux-tu nous parler de cette période, quels en sont tes souvenirs ?
Cette année passée au C.M.C.N. reste l'une des meilleurs de ma courte vie ! Il y a une ambiance exceptionnelle et tous ces musiciens ! moi je trouve ça génial ! Jouer de la guitare toute la journée, quel guitariste n'en rêverait pas ?

Lors de ton enseignement au Conservatoire de Nancy, tu as accompagné l'Orchestre Symphonique du Conservatoire. Quelles expériences en as-tu retiré ?
Oh, c'était fantastique, un rêve qui se réalise… J'étais entre la harpe et les trompettes ! En plus, j'ai joué avec ma copine qui était bassoniste dans l'orchestre !! Le milieu du classique n'est pas si éloigné que ça du milieu métal finalement. Les répétitions, les concerts… Un grand souvenir en tout cas !

Les musiciens d'Elvaron ont la particularité d'avoir chacun des talents divers : votre clavier SeeK, a écrit une nouvelle dont vous avez tiré votre 2ème album The Five Shires. Votre ancien bassiste, Julien Storka, a fait les dessins de vos 2 albums Mages Battle et The Five Shires. Quels sont les autres talents cachés du groupe ?
Ca fait déjà pas mal !! Comme je l'ai dit plus haut, Fred est également un excellent guitariste et il ne dessine pas trop mal (il fait les visuels pour ses peaux de grosse caisse). Nico et Seek écrivent des musiques de jeux vidéo. Nico est également un excellent guitariste et en plus il fait de la percussion. Seek est hyper calé en informatique… Quant à moi je commence à savoir me débrouiller dans tout ce qui touche à la production musicale, j'ai mon home studio et je fais un peu d'infographie.

En 1999, est arrivé le clavier. Quand et pourquoi avez-vous ressenti le besoin d'ajouter cet instrument dans votre musique, alors que vous aviez déjà sorti un premier album bien finalisé Mages Battle ?
Il est arrivé un moment où il a fallu intégrer une 4ème personne pour restituer sur scène ce que nous faisions sur disque. Le choix devait se porter sur un 2ème guitariste et finalement nous avons décidé qu'un clavier serait plus judicieux. Cela élargit énormément le panorama sonore et apporte plus de diversité qu'une 2ème guitare. On peut créer des ambiances qui ne sont pas faisables avec une guitare… et nous ne voulions pas jouer avec des bandes !

Après 2 démos, un album, vous avez enfin pu être signés par Thundering Records, en octobre 2000, pour la sortie de The Five Shires. Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour démarcher les labels ? Comment avez-vous concrétisé le contact avec Laurent Bocquet ?
La première difficulté fut d'abord d'avoir les adresses des labels qui auraient pu être intéressés par Elvaron. Mais autrement, nous avons juste envoyé des démos et c'est Thundering records qui fut le label le plus intéressant pour nous. Laurent nous suivait depuis Mages Battle et il fut conquis par The Five Shires !

Friands de jeux de rôles, vous y avez puisé votre inspiration pour la réalisation de vos 2 albums, des concept albums. Le troisième album en préparation sera-t-il la continuité des deux premiers ? Peux-tu nous faire un petit résumé de l'histoire des 2 premiers et nous en dire un peu sur celle à venir ?
Effectivement, le troisième album sera la suite des 2 premiers. Pour l'histoire, c'est un peu délicat de résumer tout ça ! En gros, il y a un magicien qui a asservi toute une population et massacré des millions de gens. Un petit groupe d'aventuriers se met en quête de ce magicien pour le supprimer. Mais ce qu'ils ne savent pas, c'est que ce mage peut voyager dans un monde parallèle grâce à une porte. Dans ce monde parallèle, il est en train de réduire la population en esclavage comme il l'a fait dans le premier monde… Une autre troupe d'aventuriers se met également à sa recherche. Tout ce petit monde va se retrouver dans le troisième album. En fait pour avoir l'histoire complète et détaillée, rendez-vous sur le site.

Votre 3e album sera-t-il la fin de votre concept ? Expliquez pourquoi ? Qui dessinera la pochette ? Comment se passe l'enregistrement de cet album ? Laurent Steffen fera encore partie de l'aventure ? Assistera-t-il Matt ou l'inverse comme cela s'est produit sur The Five Shires ?
Ce nouvel album ne conclura pas le concept car il reste encore trop de choses à raconter. Pour la pochette, nous aimerions travailler avec J.P. Fournier, Royo, Bilal (en fonction de notre budget en fait…) mais nous avons déjà mis des gens sur le coup. Le meilleur visuel sera gardé ! Pour l'instant, la pré-production se déroule tranquillement sans se prendre la tête. Nous enregistrons à la maison, sans contrainte de temps. Par contre, pour la production, nous ne savons pas encore avec qui nous travaillerons, tout dépendra de notre budget. Mais je pense que Laurent Steffen sera effectivement de la partie en tant qu'ingénieur du son. Je pense m'occuper de toute la partie mixage… Evidemment, si nous avons les moyens de faire venir un gros producteur, la donne sera différente.

Sur votre site, on trouve les génériques, à la sauce Elvaron, de dessins animés. Envisagez-vous un jour de créer votre propre jeu de rôle ? Si oui, quels en seraient les thèmes ?
Non, en aucun cas nous n'avons l'intention de créer notre propre jeu de rôle… c'est bien trop complexe !

Vous avez été bien chroniqués par la presse spécialisée nationale. Rock Hard vous a intégré dans son dossier spécial concept, (Rock Hard n° 6 - décembre 2001) et gratifié d'une très bonne chronique. Comment l'avez-vous perçu et appréhendé ? Qu'est-ce que cela vous a apporté en plus ?
Nous avons été les premiers surpris !! Franchement nous avons été aux anges, que demander de mieux qu'un 9/10 octroyé par Philippe Lageat himself… Mais s'il reste passionné d'heroic-fantasy, je pense qu'il fut objectif face à notre musique. Nous ne nous attendions pas à un tel accueil dans la presse. Seul Metallian nous a descendus !
En terme de vente, nous n'avons pas ressenti un boost spécial, mais en tout cas, ça a crédibilisé notre musique.

Votre musique est définie ainsi : “… technique éblouissante, variétés des ambiances et des styles abordés (du heavy épique au métal, du jazz rock au prog le plus alambiqué), vocaux entremêlés (du black au true), passages acoustiques superbes, lyriques, agressifs, parties de guitares impressionnantes aux mélodies cosmiques ou celtiques, etc…” (Ndlr : merci Philippe). Que penses-tu de ces appréciations ? Quelles sont vos références musicales ?
Je pense qu'effectivement, la musique d'Elvaron est très diversifiée. Nos influences vont de Rush à Dimmu Borgir en passant évidemment par la musique classique.

Comment abordez-vous les compositions de vos morceaux ? Quel est le rythme de vos répétitions ? Quel matériel chacun utilise ?
Nous écrivons tout sur partitions avant de jouer à la manière des compositeurs classiques. Nous travaillons ensuite sur l'ordinateur pour avoir un aperçu de ce que donnent les compos et ensuite nous les travaillons en répétition. Nous répétons 2 fois par semaine mais nous travaillons toutes nos parties chacun de notre côté pour éviter de perdre du temps. Cela se rapproche beaucoup de la manière qu'ont les musiciens classiques de travailler. Niveau matos, Fred utilise une Tama Rockstar Custom (fûts de 8 10 12 13 16 16) avec une grosse caisse de 22 et des cymbales Paiste. Il a aussi de nombreux accessoires (octobans, claves, tambourin, roto toms et des cymbales spéciales qu'il confectionne chez lui !). SeeK utilise un clavier Roland XP50 ainsi qu'un expandeur Korg N1R, le tout passé direct dans la sono. Nico joue sur une basse Cort viva. Pour l'amplification, il a un pod bass, un ampli de puissance interM et 1 baffle Peavey de 350W. Quant à moi, j'ai une ESP M-II custom (équipée EMG), un pod pro pour la distorsion, un Roland GP100 pour les effets et un ampli de puissance Marshall 9200. Le tout va dans un vieux baffle Sovtek. Pour le studio, j'utilise uniquement le pod, c'est tellement plus simple !

Comment se porte la scène métal à Nancy ? La présence du M.A.I., du Conservatoire ainsi que d'autres structures apporte-t-elle plus d'opportunités aux groupes ? Pourquoi ?
La scène Nancéienne est très “extrême” et il est difficile pour un groupe comme Elvaron de s'imposer. Mais en définitive, il ne se passe pas grand chose ici. Pour voir un concert de métal, mieux vaut aller du côté de Metz ou de Strasbourg. Le M.A.I. et le conservatoire ont pour but de former des musiciens, et pas d'aider les groupes.

Vous faites beaucoup de concerts sur Nancy et sa région. Quelles sont vos difficultés pour trouver des concerts ? Vous avez ouvert pour Iron Maiden le 27.04.1998 au Zénith de Nancy. Vous avez ouvert pour Blaze le 29.03.2002 à l'After-Club d'Amnéville ? Vos impressions ?
Les difficultés sont les mêmes pour tous les groupes de métal à savoir que ce n'est pas un style adapté pour les bars. Il nous faut la puissance sonore et les patrons de bars préfèrent les trucs acoustiques… Nous essayons d'avoir un maximum de contacts pour jouer dans de vraies salles de concert, mais sans manager, on galère un peu à ce niveau. Ouvrir pour Maiden et Blaze ont été des opportunités d'exception car nous avions les bons contacts au bon moment. Tout ça reste dans le domaine du piston ; si tu connais les organisateurs c'est plus facile ! Néanmoins ça reste de merveilleux souvenirs et nous sommes conscients de la chance que nous avons !

Quels sont tes espoirs pour Elvaron ?
De se faire repérer par une grosse maison de disques qui croît en nous, d'avoir le meilleur album possible et de tourner à mort. Nous avons le potentiel, reste à trouver ceux qui miseront sur nous.

Qu'est-ce qui vous a le plus surpris et pourquoi : le split de Megadeth ou de Fear Factory ?
Celui de Megadeth, c'est évident. Ca reste la plus grosse influence vocale pour moi. Je n'en reviens toujours pas. Mustaine a même revendu ses guitares… Enfin peut-être que s'il se lance dans la production, il nous passera un coup de fil !!!!!