Elvaron a connu une carrière en dents de scie. Le groupe de prog métal en reconstruction a fait le choix de réenregistrer son uvre sortie initialement en 2001 avant de songer à construire du neuf (The Buried Crown est prévu de sortir en 2005).
Ce choix savère payant puisque The five Shires N°2 fait preuve dune maturité exceptionnelle au service dune technique musicale et dune production irréprochables. Celles-ci trouvent également toute leur expression dans le CD bonus joint comportant un titre un trois parties : « The call of the black dragon ».
La plongée dans lunivers héroïco fantasy dElvaron est immédiate dès le début du titre éponyme de lalbum. Le décor est planté, constitué de nappes de claviers et de guitare créant une ambiance inquiétante lors du prélude. Mais, celui-ci expédié, les riffs de guitares salourdissent (The kingdom of Lerendi) et sous un rythme effréné bien soutenu par une basse plombée (quelle intro sur « The Dwarves of rockhome et The orcs of Thar), on prend vite toute la mesure du métal prog de ce groupe.
Aux rythmes variés des morceaux, les solos délivrés par Matthieu Morand déchirent tout sur leur passage (The dwarves of Rockhome, The northern reaches).
Pour ma part, javoue avoir craqué sur le très médiéval « The elves of Alfheim » aux accents prononcés de Whishbone Ash (Le divin Argus pour ne pas le citer) où les doubles harmonies de guitares sont féeriques.
The northern reaches est la partie la plus technique de cette saga épique, renfermant entre autres 2 passages très jazzy, la complicité entre les claviers et la guitare se précisant nettement.
Le chant est plutôt agressif avec lapport judicieux dune voix death pour The orcs of Thar à lintro effrénée débouchant sur un rythme mid-tempo.
Laventure se termine avec une partie plus atmosphérique et légère avec lapport d une gratte sèche. Jaurais aimé une conclusion un peu plus grandiose pour un tel masterpiece mais là je fais vraiment la fine bouche.
Les autres morceaux de ce CD nous donnent une idée plus précise de ce quElvaron est capable de réaliser et de ses influences.
En particulier avec The tower of Palanthas aux claviers très seventies (cest mon péché mignon les claviers, désolé), Beyond the gate, The quest for Alifaars door aux sonorités et accords de guitare « maideniens », « The rope » flirtant avec dream Theater ou encore Bloodstone lands où lombre de Metallica planait sur lintro, ce dernier titre étant plutôt complexe et proposant de nouveau du chant death.
Ne vous y trompez pas, il sagit pourtant bien de métal prog et The quest for Alifaars door est là pour nous le rappeler à lintro au piano et basse puis le rythme oscille entre le mid tempo et le speed ou la guitare est encore prédominante. Ce morceau est celui qui ma le plus impressionné de toute la 2ème partie de ce skud.
Killianors sight est un titre que le groupe semble mettre en avant puisquil la fait figurer sur 2 compils, pourtant il sagit de celui que jestime un ton en dessous du reste de luvre sans doute à cause du manque de cohérence entre ses différents passages et du chant plutôt linéaire que jai ressenti.
The rope conclut brillamment lalbum avec une touche émotionnelle donnée par le chant et aussi un break de batterie et guitare Zeppeliniens.
La 2ème galette qui nous est proposée, The call of the black dragon, est loin dêtre anecdotique car elle donne des pistes sur la direction quElvaron souhaite donner à sa musique avec des claviers nettement mis plus en avant, une batterie également plus présente, le chant évoluant vers des sonorités plus mélodiques.
Lapport ponctuel dune voix féminine est envisagé par le groupe ce qui pourrait être un complément intéressant à celles agressives ou death figurant déjà sur cet album. Cependant les mêmes ingrédients figurent toujours au programme à savoir un métal prog couillu, tourmenté mais bien léché où la technique est au service de la mélodie et non de la performance technique.
Cest particulièrement flagrant dans la partie 2 instrumentale ou la variété des claviers mariant les synthés au piano atteint son apogée.
Pour conclure cette longue chronique est justifiée par cette remarquable réalisation dElvaron dont, malgré de nombreuses écoutes, je nai certainement pas encore pris toute la mesure.
Je suis impatient de trouver dans les bacs The Buried Crown, le nouvel opus du groupe bien plus perfectionniste que prolifique en nombre dalbums réalisés.
Matthieu Morand mavouait quElvaron était tellement exigeant dans son travail que laccouchement dun album ne pouvait se faire quaprès une longue gestation. La qualité du résultat que je viens de chroniquer montre que la naissance dun prématuré serait une grave erreur alors je prends mon mal en patience.
15/20
Black Hole