LES ACCROS DU METAL - Décembre 2004

   

 

Chronique de l'album The Five Shires - Elvaron

Elvaron a connu une carrière en dents de scie. Le groupe de prog métal en reconstruction a fait le choix de réenregistrer son œuvre sortie initialement en 2001 avant de songer à construire du neuf (The Buried Crown est prévu de sortir en 2005).
Ce choix s’avère payant puisque The five Shires N°2 fait preuve d’une maturité exceptionnelle au service d’une technique musicale et d’une production irréprochables. Celles-ci trouvent également toute leur expression dans le CD bonus joint comportant un titre un trois parties : « The call of the black dragon ».

La plongée dans l’univers héroïco fantasy d’Elvaron est immédiate dès le début du titre éponyme de l’album. Le décor est planté, constitué de nappes de claviers et de guitare créant une ambiance inquiétante lors du prélude. Mais, celui-ci expédié, les riffs de guitares s’alourdissent (The kingdom of Lerendi) et sous un rythme effréné bien soutenu par une basse plombée (quelle intro sur « The Dwarves of rockhome et The orcs of Thar), on prend vite toute la mesure du métal prog de ce groupe.
Aux rythmes variés des morceaux, les solos délivrés par Matthieu Morand déchirent tout sur leur passage (The dwarves of Rockhome, The northern reaches).
Pour ma part, j’avoue avoir craqué sur le très médiéval « The elves of Alfheim » aux accents prononcés de Whishbone Ash (Le divin Argus pour ne pas le citer) où les doubles harmonies de guitares sont féeriques.

The northern reaches est la partie la plus technique de cette saga épique, renfermant entre autres 2 passages très jazzy, la complicité entre les claviers et la guitare se précisant nettement.
Le chant est plutôt agressif avec l’apport judicieux d’une voix death pour The orcs of Thar à l’intro effrénée débouchant sur un rythme mid-tempo.
L’aventure se termine avec une partie plus atmosphérique et légère avec l’apport d ‘une gratte sèche. J’aurais aimé une conclusion un peu plus grandiose pour un tel masterpiece mais là je fais vraiment la fine bouche.

Les autres morceaux de ce CD nous donnent une idée plus précise de ce qu’Elvaron est capable de réaliser et de ses influences.

En particulier avec The tower of Palanthas aux claviers très seventies (c’est mon péché mignon les claviers, désolé), Beyond the gate, The quest for Alifaar’s door aux sonorités et accords de guitare « maideniens », « The rope » flirtant avec dream Theater ou encore Bloodstone lands où l’ombre de Metallica planait sur l’intro, ce dernier titre étant plutôt complexe et proposant de nouveau du chant death.
Ne vous y trompez pas, il s’agit pourtant bien de métal prog et The quest for Alifaar’s door est là pour nous le rappeler à l’intro au piano et basse puis le rythme oscille entre le mid tempo et le speed ou la guitare est encore prédominante. Ce morceau est celui qui m’a le plus impressionné de toute la 2ème partie de ce skud.
Killianor’s sight est un titre que le groupe semble mettre en avant puisqu’il l’a fait figurer sur 2 compils, pourtant il s’agit de celui que j’estime un ton en dessous du reste de l’œuvre sans doute à cause du manque de cohérence entre ses différents passages et du chant plutôt linéaire que j’ai ressenti.
The rope conclut brillamment l’album avec une touche émotionnelle donnée par le chant et aussi un break de batterie et guitare Zeppeliniens.

La 2ème galette qui nous est proposée, The call of the black dragon, est loin d’être anecdotique car elle donne des pistes sur la direction qu’Elvaron souhaite donner à sa musique avec des claviers nettement mis plus en avant, une batterie également plus présente, le chant évoluant vers des sonorités plus mélodiques.
L’apport ponctuel d’une voix féminine est envisagé par le groupe ce qui pourrait être un complément intéressant à celles agressives ou death figurant déjà sur cet album. Cependant les mêmes ingrédients figurent toujours au programme à savoir un métal prog couillu, tourmenté mais bien léché où la technique est au service de la mélodie et non de la performance technique.
C’est particulièrement flagrant dans la partie 2 instrumentale ou la variété des claviers mariant les synthés au piano atteint son apogée.

Pour conclure cette longue chronique est justifiée par cette remarquable réalisation d’Elvaron dont, malgré de nombreuses écoutes, je n’ai certainement pas encore pris toute la mesure.

Je suis impatient de trouver dans les bacs The Buried Crown, le nouvel opus du groupe bien plus perfectionniste que prolifique en nombre d’albums réalisés.

Matthieu Morand m’avouait qu’Elvaron était tellement exigeant dans son travail que l’accouchement d’un album ne pouvait se faire qu’après une longue gestation. La qualité du résultat que je viens de chroniquer montre que la naissance d’un prématuré serait une grave erreur alors je prends mon mal en patience.

15/20

Black Hole