AUDIOMETAL - Mai 2005

   

 

Pas même deux ans après la réédition de son album « The five shires » que l'on perçoit désormais comme un procédé assez intéressant pour nous faire patienter jusqu'à la sortie de l'opus suivant, les preux Nancéiens nous sortent de leurs forges brûlantes ce tout nouvel album chaud comme la braise sobrement nommé « The Buried Crown ». Un trésor pour lequel il a fallu creuser très profondément, en souplesse et avec rigueur en commençant par le remplacement de leur claviériste par une jeune et talentueuse demoiselle (destinée au départ à être chanteuse du groupe avec le leader Matthieu Morand) qui s'illustre de bien belle manière au travers de ses cordes. Une phase de composition plus tard, « The buried crown » marque déjà la galette de nouvelles histoires et péripéties musicales pour ce second verset des représentants français du prog fantasy sur un album concept entier !

Mieux équilibré que « The five Shires » et garant de près d'une heure de musique non-stop, « The Buried crown », se veut un album riche, très riche en arrangement divers, idées plus fourmillantes que des atomes sur une seule note. Énergique mais pas trop, cet album pourrait bien être celui de la maturité la plus absolue, d'un groupe pourtant pas né de la dernière pluie, loin s'en faut. La quête musicale d'Elvaron sur « The Buried Crown » se situe contre des monts et des vents de sons très recherchés et des compositions épiques. Certains titres de grande facture comme les puissants et variés « Warhead » ou encore « Ghouls of Time » sont imprégnées de merveilles complexes et raffinées (l'emploi de plusieurs musiciens classiques rendant le tout incroyablement fort). Que dire alors du chapitre en trois parties qu'est « The King of Thylia » ? Qu'un mot si ce n'est que l'aventure vous attend à chaque recoin de cette pièce centrale. Les acoustiques se mêlent telles des racines d'arbres dans la forêt enchantée aux sonorités de claviers toutes plus belles les unes que les autres, avec plages envoûtantes et chœurs à gogo ( « Witch of the Forest » est à mon humble avis l'une des plus belles perles de la carrière l'Elvaron).

Les cordes rapides et heavy se gardent la part belle avec des riffs d'une grande rapidité et d'une mélodie puissante et prenante. Le savoir faire des guitaristes, mêlé aux orchestrations font d'une pierre deux coups et ce n'est pas l'instrumentale « Dark Whispers » qui dira le contraire. Les vocaux d'excellente facture de Matthieu Morand, ajoutés à ces éléments pré-cités ne peuvent qu'ajoutés à la magie d'Elvaron (Le titre éponyme le confirmera).

Des difficultés de lecture, certes il y en a, l'œuvre n'étant pas spécialement facile d'accès. La musique d'Elvaron reste fort complexe à accrocher et à plus forte raison sur « The Buried Crown », chaque titre étant intimement raccrochés les uns aux autres. On pense écouter le même titre sur toute la longueur, tant quasiment aucun espace ne sépare les pistes. Le labyrinthe est donc tumultueux, mais il vaut largement le coup d'être parcouru.

Allez, un livre de quête, des armes, des sorts et de bonnes enceintes et vous y êtes. Que l'imaginaire et le métal progressif partent en quête de la sacro-sainte coupe du succès en commençant par rendre un bien bel hommage à l'œuvre d'où est tirée le concept de ce « Buried Crown ».

Sephiroth, Breathing Dark Whispers of Fantasy

Morceaux favoris : « Witch of the Forest », « The Buried Crown », « Warhead », « one last Season »